En misant sur l’expertise infirmière et la collaboration interprofessionnelle, la clinique du Centre Sida Amitié (CSA) offre des services de santé, de soutien et d’accompagnement aux personnes vivant avec le VIH/sida, les hépatites virales et autres infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS), ainsi qu’à leurs proches.
En janvier 2020, le CSA a pu compter sur le soutien de la Fondation de l’OIIQ en recevant le prix Coup de cœur leadership, accompagné d’une bourse de 25 000 $. La Fondation a attribué cette bourse au CSA car il se distingue par son approche profondément humaine de soins et de services ainsi que par sa forte volonté de trouver des solutions pour répondre aux besoins de santé d’une population en marge du système de santé.
La Clinique Santé Amitié, intégrée aux services du CSA, est située à Saint-Jérôme, mais des patients de toutes les Laurentides et d’ailleurs ont la possibilité de pousser les portes de ce lieu unique et ouvert à tout le monde, même les plus démunis1.
UNE CLIENTÈLE « INVISIBLE »
Orientée vers l’infectiologie communautaire, la clinique est plus spécifiquement accessible aux personnes souvent stigmatisées ou marginalisées, telles que des personnes sans domicile fixe, celles qui utilisent des substances, des travailleurs et travailleuses du sexe, des personnes issues des minorités sexuelles (LGBTQ+), ou encore des personnes souffrant de troubles de santé mentale – et leurs proches. « Il s’agit de personnes invisibles dans les statistiques des systèmes de santé, car elles ne consultent pas ou que très peu les ressources par peur d’être jugées ou parce que les structures ne répondent pas à leurs besoins spécifiques ni ne tiennent compte de leur réalité », indique Hugo Bissonnet, directeur général du CSA.
Dans ce contexte, des liens de confiance se créent. « Les intervenants de passage, comme les stagiaires, les personnes en préceptorat ou certains bénévoles, sont surpris du climat serein qui règne à la clinique malgré ces clientèles aux multiples étiquettes négatives. Ils découvrent des patients courtois, généreux de leurs histoires, reconnaissants de l’empathie du personnel et surtout fiables. » En 2018, la clinique a offert plus de 4 700 rendez-vous, en n’étant ouverte que 3,5 jours par semaine en raison de contraintes financières. Près de 1 600 vaccins contre les hépatites A et B, le VPH, certains pneumocoques et la grippe ont été administrés. En moyenne, on y effectue 2 500 dépistages d’ITSS par année.
« Nous offrons des soins de proximité sans jugement et nos patients nous font confiance car nous sommes dans une relation d’aide », souligne Isabelle Savard, IPS en soins de première ligne au CSA. Elle précise toutefois que la réalité et le degré de vulnérabilité varient d’un patient à l’autre. Il faut faire preuve d’ouverture d’esprit, mais également de flexibilité dans le désir d’aider.
MISER SUR LE PLEIN POTENTIEL DE L’INFIRMIÈRE AU BÉNÉFICE DU PATIENT
L’équipe du CSA est très fière d’avoir reçu le prix Coup de cœur leadership de la Fondation, car le Centre et sa clinique ne pourraient fonctionner sans l’expertise infirmière, explique Hugo Bissonnet.
« Ce prix souligne l’engagement des infirmières et l’aspect essentiel de leur rôle à la clinique du CSA et pour la communauté des personnes ̏invisibles˝. » L’équipe en soins infirmiers est composée d’une infirmière clinicienne, d’une IPSPL et de cinq à dix infirmières bénévoles. Toutes mettent de l’avant une approche holistique et très humaine, exempte de jugement ni a priori. Elles bénéficient d’une grande autonomie de pratique pour assumer pleinement leurs activités réservées. Tous les nouveaux patients sont d’ailleurs accueillis et évalués par une infirmière.
Le CSA soutient entièrement les initiatives infirmières laissant place au leadership et à la créativité et favorise la formation continue, la culture du savoir et l’interdisciplinarité. « Plus nous donnons de pouvoir aux infirmières, plus nous nous donnons des capacités d’action », fait valoir Hugo Bissonnet.
En 2018, l’IPSPL Isabelle Savard s’est ajoutée à l’équipe. Son exercice infirmier et les activités médicales qu’elle peut effectuer ont permis d’améliorer l’accès aux soins de première ligne pour les personnes marginalisées. En partenariat avec les autres membres de l’équipe, elle pratique des soins généraux de première ligne auprès de personnes qui n’en recevraient aucuns autrement. Elle peut pratiquer selon toute l’étendue de ses compétences et de son champ d’exercice, notamment auprès des patients transgenres.
« Le CSA me soutient dans ma formation continue et m’offre du mentorat pour me permettre de développer des compétences spécifiques afin de répondre à des besoins criants dans la région », souligne Isabelle Savard.
Tous les autres soins courants y sont prodigués grâce à la collaboration de deux médecins spécialistes en microbiologie médicale, infectiologie et santé communautaire, deux médecins de famille et des intervenants psychosociaux. Des ser vices d’accompagnement et de prévention y sont aussi proposés en vue d’offrir des continuums de services complets.
L’équipe travaille dans un cadre interdisciplinaire où intervenants sociaux, infirmier auxiliaire, infirmières, IPSPL, pairs-éducateurs en réduction des méfaits, médecins de famille, médecins spécialistes ainsi que l’équipe administrative se rencontrent quotidiennement pour s’assurer d’offrir des soins et des services intégrés et concertés dans le but de répondre le mieux possible aux besoins des patients.
Les infirmières du CSA se déplacent également pour effectuer le dépistage d’ITSS, de la vaccination et des soins de santé aux personnes qui résident temporaire- ment dans les centres de thérapie communautaires pour les dépendances, sans quoi elles ne recevraient pas de soins. « Au CSA, chaque professionnel travaille jusqu’à la limite de son champ d’exercice », ajoute Isabelle Savard.
ALLER ENCORE PLUS LOIN, ENSEMBLE
L’appui financier de la Fondation permettra aux infirmières œuvrant au CSA d’optimiser leur contribution, notamment en augmentant leurs heures de pratique. Les infirmières et l’IPSPL du centre envisagent d’atteindre davantage de personnes en situation de vulnérabilité en participant activement à des programmes de recherche, ainsi qu’à des conférences et des colloques sur les enjeux en infectiologie touchant les populations marginalisées. En outre, comme le CSA a des attaches avec l’Université du Québec en Outaouais, l’Université du Québec à Montréal, l’Université de Montréal de même qu’avec les cégeps de Terrebonne et de Saint-Jérôme, il est devenu un milieu de formation pour les étudiantes et étudiants qui poursuivent une formation en soins infirmiers et en sciences infirmières. L’IPSPL Isabelle Savard ainsi qu’un médecin partenaire sont d’ailleurs tous deux professeurs. Quant aux infirmières du CSA, elles encadrent toutes des stagiaires dans une approche multidisciplinaire.
1 Le CSA est un des seuls organismes en santé et infectiologie communautaire au Québec. Reconnu pour son expertise unique tant dans les Laurentides qu’au Québec et même à l’échelle internationale, il est un membre actif de la COCQ-SIDA (Coalition des organismes communautaires québécois de lutte contre le VIH-sida), de l’AIDQ (Association des intervenants en dépendances du Québec), de la Table provinciale en hépatite C, de l’AQCID (Association québécoise des centres d’intervention en dépendances) et du CATIE (Canadian AIDS Treatment Information Exchange).